Une problématique de santé publique : la respiration buccale
Cela parait anodin et normal, même attendrissant chez le bébé ou l'enfant.
Mais en réalité une respiration buccale va avoir des conséquences importantes et multiples tout au long de la vie.
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Malocclusion, infections ORL (rhinites chroniques/allergiques, otites), altération de la qualité du sommeil, ronflements, bruxisme, troubles de la concentrations, mastication bruyante, bouche ouverte au repos, déglutition atypique, zozotement...
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Voici les plus fréquentes manifestations et conséquences d’un Trouble Orofacial Myofonctionnel (TOM), qui se caractérise par un dysfonctionnement des lèvres, de la mâchoire, de la langue et de l’oropharynx.
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La respiration buccale peut représenter un problème complexe et donc demander l’implication d’une équipe composée de différents professionnels de santé formés.
Que ce soit pour le dépistage ou la rééducation maxillo-faciale, les professionnels concernés peuvent être : médecin (pédiatre, ORL), kinésithérapeute, ostéopathe, chiropracteur, orthophoniste, chirurgien dentiste, orthodontiste.
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Vous trouverez ci-dessous un ensemble d'informations concernant les causes, les conséquences et la prise en charge lorsque la ventilation se fait par la bouche.
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Mécanisme physiologique de la respiration nasale
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- Dès la naissance, le crâne du nouveau né a déjà atteint les 3/4 de son volume définitif grâce au développement du cerveau principalement.
La partie inférieure de la face, la mandibule, amorcera son développement et sa croissance lorsque le bébé commencera à se nourrir seul.
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- L'allaitement favorise une croissance harmonieuse grâce à l'effort de succion produit.
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- C'est au cours des 4 premières années de vie que la croissance cranio-faciale est la plus importante (d'où l'intérêt de traiter rapidement en même temps que la croissance faciale pour plus de résultats).
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- Lors de la respiration nasale, la langue est positionnée en appui contre le palais (c'est une princesse, sa place est au palais! (référence Happy kids)
Son placement est capital car il permet l'élargissement du palais (des maxillaires supérieurs) et des fosses nasales. Les dents auront de ce fait plus de place pour pousser.
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- L'air qui passe par le nez est filtré, humidité et réchauffé avant son arrivée dans les poumons. On évite ainsi de faire entrer dans les voies aériennes des poussières et impuretés qui vont fragiliser la sphère ORL.
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- La ventilation nasale permet également la thermorégulation cérébrale, qui joue un rôle fondamental dans la qualité du sommeil.
Cf vidéo ci-contre
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Causes d'une respiration buccale
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- ETIOLOGIES ANATOMIQUES ET FONCTIONNELLES -
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- chez l'enfant, la 1ère cause est l'hypertrophie des amygdales et végétations. Ainsi, l'air a du mal à circuler dans les voies aériennes obligeant la personne à placer sa tête en extension et à ouvrir la bouche
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- les rhinites chroniques et allergiques
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- une cloison nasale déviée, la présence de polypes
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- une déformation osseuse tel qu'un palais étroit, favorisé par l'utilisation prolongée de la tétine ou la succion du pouce (la langue n'a plus la place de s'y placer)
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- un frein de langue restrictif
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- une déglutition atypique, une mastication insuffisante (nourriture molle)
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Conséquences d'une ventilation buccale
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Les impacts d'une ​respiration par la bouche sont nombreux. Ils apparaissent dès la naissance et persistent toute la vie si rien n'est mis en place pour corriger cela. Certaines fonctions vont petit à petit se dégrader.
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- la langue s'abaisse pour laisser passer l'air et ne vient plus exercer de pression sur le palais
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- hypodéveloppement des maxillaires supérieurs et des fosses nasales qui a pour conséquences une étroitesse du palais et un manque de place pour les dents à venir
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- malocclusion dentaire, les dents du haut manquent de place, la mandibule continue de se développer car la langue est toujours basse. Un travail en orthodontie est à prévoir
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- modification morphologique de la face : cernes, bouches ouverte, visage allongé
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- inflammation ORL : rhinite allergique, chronique, otites à répétition, angines, hypertrophie des amygdales et végétations...
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- sommeil de mauvaise qualité car hyperthermie cérébrale. Risque d'évoluer sur un Syndrome d'Apnée Obstructive du Sommeil (SAOS). Nuits agitées, transpiration de la tête, ronflements, bruxisme, énurésie chez l'enfant plus âgé,
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- fatigue, troubles de l'attention et de la concentration car le sommeil est perturbé
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- troubles posturaux et douleurs cervicales (hyperextension de la nuque pour favoriser le passage de l'air)
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On rappellera les principaux signes pouvant évoquer un syndrome d’apnées obstructif du sommeil : ronflements, blocages respiratoires, sueurs intenses, cauchemars, énurésie, agitation (enfant qui bouge énormément pendant son sommeil), oreiller humide, siestes prolongées en journée.
Prise en charge et traitement
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Lorsque vous remarquez un ou plusieurs signes de trouble orofacial myofonctionnel, parlez-en à votre médecin ou pédiatre.
Une prise en charge optimale repose sur un dépistage le plus tôt possible.
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Traitement médical ou de rééducation pluridisciplinaire
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- en orthodontie : mise en place d'appareil visant à élargir la suture palatine et accroître la largeur des fosses nasales. L'objectif étant de rattraper le déficit de croissance des maxillaire supérieur tant que l'enfant grandit encore.
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- en orthophonie ou kinésithérapie maxillo-faciale : travail visant à l'acquisition de la ventilation nasale et d’un bon positionnement lingual
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- chez un médecin ORL ou chirurgien-dentiste s'il y a une indication chirurgicale à l'origine des troubles (hypertrophie des amygdales/végétations, frein lingual restrictif).
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- chez l'ostéopathe qui permet également d’optimiser la fonction ventilatoire par son travail sur les structures anatomiques en lien avec cette fonction
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Exercices du quotidien​
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- préférer un allaitement si possible par rapport au biberon pour un bébé
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- limiter l'utilisation de la tétine aux phases de sommeil et avant deux ans
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- mettre en place une alimentation nécessitant un effort masticatoire important pour un meilleur développement des arcades dentaires
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- encourager le mouchage dès un an est capital
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- intégrer sous forme de jeux des activités stimulantes pour le développement de la respiration nasale (loto des odeurs, cuisine...)